Acuité visuelle

Définition : Capacité à distinguer visuellement de loin la présence d'un objet ou d'un phénomène, de façon plus ou moins précise, et qui détermine le besoin ou non de port de lunettes

Commentaires : un conducteur doit avoir au moins, pour l’ensemble des deux yeux, 5/10. Le code 01 s’affiche sur le permis de conduire pour les usagers devant porter un dispositif de correction visuelle. Quel que soit le type de dispositif de correction que le conducteur utilise, il doit obligatoirement en posséder un double dans son véhicule.

Toutes ces informations reposent sur le déclaratif du futur conducteur sous sa responsabilité. Les écoles de conduite sensibilisent en général leurs élèves à ce sujet. Certaines testent la vue en demandant à leurs élèves de lire la plaque d’immatriculation d’une voiture à 10 mètres de distance.

Par la suite, c’est encore de la responsabilité de chacun de vérifier sa performance visuelle. Il est conseillé de le faire au moins une fois tous les trois ans mais qui le fait vraiment ?

Force est de reconnaître qu’il s’agit d’un des gros points faibles de notre réglementation. Il n’existe aucun contrôle d’aptitude à la conduite tout au long de la vie du conducteur, à commencer par la vue.

Cette question de l’aptitude à la conduite fait régulièrement débat, notamment dès qu’il survient un accident dramatique impliquant un conducteur très âgé. 

Au-delà de la question de l’âge, examinons la question de la vue qui n’est pas propre à l’âge, même si l’acuité visuelle décline avec l’âge.

Bien voir est un critère fondamental en matière de sécurité routière. Cela permet d’avoir une vision sur tous les événements susceptibles de se produire. 90% des informations à prendre, lorsque l’on conduit, sont visuelles. Cette vision se réduit avec la vitesse. Elle se réduit la nuit. Elle se réduit également après un changement important de luminosité par éblouissement.

Pour autant, il faut constater que cette aptitude capitale est totalement absente des messages de prévention.

Lorsque l’on lit dans les procès-verbaux d’accident les témoignages des conducteurs, beaucoup déclare « je n’ai pas vu ».  Dans la plupart des cas, cette déclaration n’est pas prise en considération mais prise comme une façon de minimiser sa responsabilité. Les facteurs classiques sont alors recherchés, à savoir l’alcool, la drogue ou les médicaments. Pour avoir lu des milliers de PV, à aucun d’entre eux, je n’ai lu que l’officier de police avait demandé un contrôle de la vue.

Par ce manque de questionnement dans les PV, la présence du facteur : déficience visuelle » dans les accidents est méconnu. Les rares études sur le sujet l’estimeraient à 20%. Ce % élevé n’est pas étonnant au regard de la prévalence des conducteurs ayant une vue incompatible avec la conduite.

Selon une enquête menée par l'Association Nationale pour l'Amélioration de la Vue (Asnav), plus de 8 millions d'automobilistes conduisent avec un défaut visuel non ou mal corrigé, soit environ 1 automobiliste sur 5. 30% des conducteurs porteurs de lunettes ne portent jamais leurs lunettes en situation de conduite et 14% des français pensent que porter des lunettes pour conduire en ville est moins utile que pour conduire sur route ou autoroute.

Preuve que la déficience visuelle n’est pas considérée comme un facteur anodin, le permis de conduire européen qui est entré en vigueur en 2010 prévoit que tout candidat au permis de conduire ou à son renouvellement « devra subir les examens appropriés pour s'assurer qu'il a une acuité visuelle compatible avec la conduite des véhicules à moteur ».

Cette mesure est, d’ailleurs, entrée dans notre Code de la route par l'arrêté du 31 août 2010. La norme d'aptitude visuelle pour conduire a été fixée dans la liste des affections médicales incompatibles avec l'obtention ou le maintien du permis de conduire. L'acuité visuelle doit être d'au moins 5/10ème en vision binoculaire et le champ visuel doit être supérieur à 120° et la vision nocturne.

A noter que cette exigence est moins sévère qu’une ancienne réglementation de 1988 qui précisait qu'il y avait une incompatibilité si la somme de l'acuité visuelle des deux yeux était inférieure à 8/10, l'acuité visuelle de l'œil le meilleur étant au moins égale à 0,6 (6/10).

Hélas, aucune sanction n’a accompagné cette mesure pour s’assurer de son respect. L'examen de la vue relève toujours de la seule responsabilité des conducteurs et des candidats à l’obtention du permis de conduire, ce qu’ignorent d’ailleurs la plupart des conducteurs.

Force est de constater qu’en matière de réglementation du contrôle de la vue, la France est en retard par rapport à plusieurs pays européens. La France n’impose un contrôle d’aptitude à la conduite qu’au conducteur de véhicules lourds et aux professionnelles de la route. Le contrôle de la vue fait partie de ce contrôle d’aptitude qui est réalisé tous les cinq ans. Rien de tout cela pour le conducteur landa, amateur et moins expérimenté, qui peut donc à circuler impunément et imprudemment alors que sa vue n’est pas ou n’est plus suffisante pour conduire.

En la matière, il s’agit même, en France, d’un abandon d’une mesure annoncée lors du comité interministériel de sécurité routière (CISR) de 1993 qui annonçait la mesure suivante :

" Les ministres des Affaires Sociales de la Santé et de la Ville, de l'Équipement des Transports et du Tourisme et de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire sont chargés de préparer un dispositif de contrôle de la vue des conducteurs dont les principes sont les suivants : Chaque candidat au permis de conduire doit faire effectuer un contrôle de la vue par un médecin qualifié. Ce contrôle sera renouvelé tous les 10 ans pour les titulaires du permis de conduire. Il ne sera pas remboursable par la sécurité sociale."

Il faut reconnaître que la plupart des pays reste rétif à imposer une trop forte obligation et que lorsqu’elle existe, elle ne vise que les conducteurs âgés. Ainsi, aux Pays-Bas, ce contrôle est imposé à partir de 75 ans, l'automobiliste devant ensuite passer un examen médical tous les 5 ans. Pour le Danemark et la Finlande, c’est à partir de 70 ans au Danemark et en Finlande. Pour l’Espagne, la Grèce ou encore la République tchèque, c’est 65 ans et l’Italie, 50 ans. C'est au Portugal qu'on retrouve la réglementation la plus stricte se trouve du côté du Portugal, avec un contrôle de l'aptitude à conduire à plusieurs étapes de la vie: dès 40 ans, puis à 50, 65 et 75 ans, âge à partir duquel il faut effectuer un examen tous les deux ans.

Enfin d'autres pays demandent un examen régulier sans condition d’âge : en Belgique, le renouvellement du permis tous les dix ans doit s'accompagner d'un certificat d'aptitude à la conduite du médecin. C'est le cas également en Roumanie, en Hongrie, en Lettonie et en Lituanie.

Finalement, seules la France et l’Allemagne sont peu exigeants.

La « Sécurité Routière » ne s’y intéresse pas, probablement car elle ne veut pas mettre sur la table un sujet qui serait, a priori, impopulaire, à savoir le contrôle d’aptitude à la conduite au motif qu’il est délicat de retirer l’autorisation de conduire aux personnes âgées.  

Les assurances s’en désintéressent aussi. Quant aux médecins traitants, ils ne sont pas sensibilisés au risque encouru par leur patient et par ses victimes potentielles, puisque la « Sécurité routière » n’en parle pas.

Pour l’entourage, il n’est pas plus sensibilisé à cet enjeu. De surcroît, il ne se rend pas totalement compte de l’importance de la perte de l’acuité visuelle sauf lorsqu’il est témoin en tant que passager d’une situation accidentogène.  Il est alors confronté à un vrai dilemme puisqu’ il devrait, selon l'article R 128 du code de la route, prévenir le préfet qui pourra prononcer, selon le résultat du contrôle visuelle, une restriction de validité du permis, voire, une suspension, ou une annulation.

Le dernier comité interministériel à la sécurité routière a bien un axe dénommé « Mieux détecter, évaluer et suivre les inaptitudes à la conduite » mais les mesures proposées sont davantage quand il est trop tard : après un accident, une infraction grave ou un signalement au Préfet.

 

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