Augmenter le nombre des zones sécurisées par des radars et rendre la localisation des radars de vitesse plus incertaine sans revenir sur l'annonce de leur présence, tel est l'objectif des mesures de 1 à 4 du CISR.
La vitesse excessive ou inadaptée aux circonstances est la cause principale de 26 % des accidents mortels. La vitesse reste la question centrale en matière de sécurité routière. Elle détermine également la survenue de l'accident comme sa gravité. Une politique déterminée et innovante visant à mieux faire respecter les limitations actuelles doit donc impérativement être mise en œuvre. Cette politique consiste notamment à intensifier le contrôle automatisé par l'augmentation du nombre de radars en service, le renforcement du caractère déployable des radars et le caractère aléatoire du contrôle.
Mesure 1 : multiplier par 4 le nombre des zones sécurisées par des dispositifs de contrôle automatisé, en installant notamment des radars « leurres » : il s'agit de créer des zones de contrôle de la vitesse, toujours signalées par un panneau, au sein desquelles des radars
seront susceptible d'être ou non présents.
Mesure 2 : augmenter, dans les meilleurs délais, l'utilisation des radars embarqués dans des véhicules banalisés, en confiant leur mise en œuvre à des prestataires agréés, sous étroit contrôle de l'Etat.
Mesure 3 : développer et augmenter le nombre d'infractions constatables par les radars multifonctions (feux-rouges, vitesse, discriminants par type de véhicule, respect des distances de sécurité, détection des dépassements dangereux, franchissement de ligne continue etc.). A cet effet, le plafond du nombre des radars sera augmenté de 4 200 à 4 700 à échéance de 3 ans. Chaque implantation nouvelle de radars fera, comme c'est toujours le cas, l'objet d'une étude approfondie de l'accidentalité du site.
Mesure 4 : augmenter, au sein du parc, la proportion des radars autonomes déplaçables, en fonction en portant leur nombre à 250 fin 2016.
Mesure complémentaire A1 : renforcer la sécurité des passages à niveau en augmentant le nombre de radars de franchissement en partenariat avec SNCF Réseau, tout en les décomptant du total du parc des radars du contrôle automatisé.
Commentaires :
On ne peut que saluer l'objectif affiché comme prioritaire de lutter contre les vitesses excessives. Le dépassement des vitesses maximales autorisées et la conduite à une vitesse inappropriée aux circonstances représentent est attribuable à plus de 26% des accidents mortels comme annoncés. Cette donnée est issue du premier constat effectué par les forces de l'ordre. Il s'avère en réalité que ce % convient pour les accidents corporels peu graves. Dans un cas sur deux, une vitesse plus faible au moment du choc aurait permis qu'un accident ne soit pas mortel.
Le déploiement des radars fixes ayant fait la preuve de leur efficacité, l'objectif de déployer des radars leurres (mesure 1) permet de multiplier à moindre coût par 5 la probabilité d'être contrôlé. Cette mesure s'inspire de ce qui se fait au Royaume uni depuis les années 90.
Pour autant, le choix des emplacements reste fondé sur le critère de l'accidentalité. On peut y voir une réserve sur cette stratégie (lire débat : radars fiexes : quels emplacements). Les radars permettent de s'attaquer aux accidents diffus sur un itinéraire qu'il est ainsi difficile de traiter à moindre coût par des aménagements. Ils ont prouvé leur efficacité. Dès lors qu'un itinéraire présente une concentration d'accident, il serait opportun d'effectuer préalablement un diagnostic de sécurité et de réaliser les aménagements qui s'imposent. Cette approche permet d'obtenir une réduction de l'accidentalité plus forte et durable .
L'objectif d'augmenter l'utilisation des radars embarqués en les confiant à un prestataire va dans le même sens. Cette mesure s'inspire de ce qui se fait déjà pour les mises en fourrière. Il en va de même pour les mesures 3 et 4 en rappelant une mesure pertinente retenue en janvier 2015, à savoir la mesure 12 de relancer le déploiement de radars feux rouges en leur associant systématiquement un module de contrôle de la vitesse, notamment en agglomération.
En effet, d'un point de vue de l'accidentalité, l'enjeu au feu rouge porte davantage sur les accidents en franchissement au vert à
vitesse excessive avec heurts contre des piétons.