D'une façon générale, les grandes variations de la mortalité d'un mois sur l'autre sont la résultante des conditions météorologiques, affectant le trafic à la hausse ou à la baisse et modifiant les comportements de conduite dans le sens d'une baisse des vitesses pratiquées ou d'une hausse. Cela concerne principalement les mois d'hiver et les mois d'été car ils présentent souvent d'une année sur l'autre de très forts contrastes dans la durée.
Les mois de février n'échappent pas à ce constat. Ils alternent souvent hausse et baisse de façon assez nette. Elles touchent essentiellement les usagers automobilistes et les piétons, les usages à deux-roues étant moins présent sur les routes l'hiver.
Par ailleurs, février compte un jour de plus tous les quatre. Ce jour en plus représente environ 3% de mortalité en plus pour les mois de février des années bissextiles
Février 2022 : Poursuite de la hausse de l’accidentalité
Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 212 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en février 2022. Comparé au mois de février 2021 où l'on avait déploré 176 morts sur ces routes (171 en données provisoire), 36 personnes de plus ont été tuées, soit une hausse de +18%. En année glissante sur les 12 derniers mois, la mortalité dépasse le seuil des 3 000 morts (3063) soit une hausse de 27% par rapport à 2021. Par rapport à 2019 qui reste la dernière année de référence avant la pandémie, on note une baisse de 6%.
Si ce bilan peut paraître encourageant, il ne l’est pas en vérité. D’abord parce que le taux de mortalité reste élevé (57 tués pour 1 000 accidents corporels), taux supérieur de deux points à la moyenne annuelle. Ensuite parce qu’il est démontré qu’une hausse substantielle du carburant se traduit automatiquement par une baisse de l’accidentalité par le fait d’une baisse du nombre de kilomètres parcourus.
La hausse de l’accidentalité semble affectée tous les modes de déplacement.
Février 2021 : Poursuite de la baisse de l'accidentalité après un an de pandémie
Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR),175 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en février 2021. Comparé au mois de février 2020 où l'on avait déploré 220 morts sur ces routes, 45 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de - 20%. En année glissante sur les 12 derniers mois, on reste une très forte baisse de la mortalité -25% soit 2 412 personnes tuèes sur un an.
Cette baisse significative de la mortalité et de l'accidentalité se situe dans la continuité des baisses enregistrées depuis la survenue de la pandémie. Le nombre d'accidents corporels enregistrs par les forces de l'ordre s'établit à 3 158 en février 2021, contre 4 046 en février 2020, soit 888 accidents corporels de moins et un taux de mortalité légèrement sous la moyenne (55 contre 58 décès pour 1 000 accidents). C'est une baisse des accidents corporesl de -22 %, un peu plus forte que pour la mortalité.
Cette baisse est le résultat de l'effet du couvre-feu qui conduit à une réduction drastique de la circulation pendant une période où il existe un surrisque lié aux conditions hivernales nocturnes. Ce couvre-feu a été instauré entre 20h et 6h depuis le 14 décembre 2020. Il a été étendu de 18h à 6h depuis le 12 janvier 2021 pour 25 départements, et le samedi 16 janvier pour toute la France métropolitaine. A cela s'ajoute l'effet de la réduction des trajets domicile-travail. Selon l'ONISR, le gain de mortalité est estimé être dû pour 2/3 au couvre-feu et pour 1/3 à la réduction des déplacements en journée.
Par mode, on remarque que la baisse mortalité piétonne, souvent plus élevée en période hivernale car les déplacements réalisés de nuit y sont plus fréquents, la nuit , résulte directemement des restrictions de déplacement liées au couvre-feu à 18h avec 23 décès (13% de la mortalité de février). En revanche la mortalité motocycliste, avec 32 tués (18 % des décès de février) et celle des cyclistes avec 8 tués (5% de la mortalité de févier) baisse que légèrement par rapport à février 2020, notamment en relation avec une météorologie mitigée.
La mortalité des automobilistes continue de baisser nettement de -17% par rapport à février 2020 : 96 automobilistes ont été tués (55% des décès) contre 116 en février 2020, soit 20 tués de moins qu'en février 2020.
Le mois de mars à venir sera le premier mois à comparer avec un même mois en période pandémique. Mars 2020 fut le moins le moins meurtrier jamais enregistré depuis que les statistiques d'accidentalité sont organisées (1956). Il est à craindre que mars 2021 soit favorable à la sécurité routière de mars 2020 mais reste néamoins nettement plus favorable que mars 2019 et antérieurs compte tenu de la poursuite des restrictions de circulation.
Février 2020:
Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR),222 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en février 2020. Comparé au mois de février 2019 où l'on avait déploré 254 morts sur ces routes, 32 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de - 12,6%. En année glissante sur les 12 derniers mois, on reste sur une très légère baisse de la mortalité -1,9 %.
Cette baisse est encore plus significative si l'on tient compte du jour supplémentaire de ce mois de février, 2020 étant une année bissextile. La baisse situerait donc autour de - 16%.
Il est très délicat d'analyser ce bilan de l'accidentalité dans le contexte de l'épidémie du coronavirus. Il est probable que cet épidémie est un impact à la fois sur les comportements des usagers de la roue dans un climat d'anxiété d'une part et d'autre part sur l'exposition au risque par un transfert modal ou une baisse significative de la mobilité. Le mois de mars s'annonçant encore plus impacté par l'épidémie, il serait intéressant d'observer l'évolution de l'accidentalité.
En première hypothèse, et pour ces raisons, ce contexte pourrait produire un effet de baisse de l'accidentalité et de la mortalité routière.
Février 2019 :
Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 253 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en février 2019. Comparé au mois de février 2018 où l'on avait déploré 216 morts sur ces routes, 37 personnes de plus ont été tuées, soit une hausse de + 17,1%. En année glissante sur les 12 derniers mois, il subsite une légère baisse de la mortalité -3,8 %.
Ce très mauvais bilan, le deuxième consécutif à la hausse, a été attribué par la Sécurité Routière à l'effet de la forte dégradation des radars fixes qui s'est s'amplifié et s'est traduit par un relâchement des comportements sur l'ensemble des réseaux. Pour autant, cet effet est probablement moindre qu'il n'y parait. Les conditions météorologiques exceptionnels de ce mois de février particulièrement doux et ensoleillé ont été le facteur principal de hausse, les deux-roues étant de sortie alors que d'habitude, ils sont au garage. Ainsi, la mortalité des cyclistes est la plus forte relevée pour un mois de février, depuis dix ans, avec 18 décès estimés soit 10 de plus que l'année dernière. Les trois usagers vulnérables : piétons, cyclistes et motocyclistes représentent plus de 80% de cette hausse.
Février 2018 :
Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 217 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en février 2018. Comparé au mois de février 2017 où l'on avait déploré 205 morts sur ces routes, 12 personnes de plus ont été tuées, soit une hausse de + 5,9%. En année glissante sur les 12 derniers mois, il subsite une légère hausse de la mortalité +0,3 %. Depuis les annonces en décembre d'un CISR puis en janvier celles du calendrier des mesures dont la baisse de la vitesse maximale autorisée à 80 km/h sur les routes bidrectionnelles hors agglomération, et malgré cette hausse enregistrée en ce mois de février, la tendance à la baisse de la mortalité se maintient depuis trois mois.
Le nombre de décès reste en effet nettement inférieur à celui enregistré en février 2016. Seul Février 2012 se situe à un niveau plus bas. La terrible vague de froid qui s'était abattue durant plus de 15 jours avait pu expliquer cette faible mortalité de février 2012. Tel n'a pas été le cas en février 2017, le plus doux depuis 10 ans ainsi qu'en ce mois de février, plus conforme aux conditions hivernales. Ces conditions font ainsi baisser significativement la mortalité des motocyclistes, nettement moins présents dans la circulation (lire analyse des mois de février). Cette tendance rest très fragile puisque sur 12 mois, la mortalité reste à la hausse.
Février 2017 :
Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 203 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en février 2017. Comparé au mois de février 2016 où l'on avait déploré 263 morts sur ces routes, 60 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de - 22,8 %. En année glissante sur les 12 derniers mois, c'est une biasse de -1%.%.
Il s'agit de la plus forte baisse de la mortalité enregistrée depuis celle en mars 2013 de - 27,5 %. Mars 2013 fut le mois le moins meurtrier jamais enregistré des quarante dernières décennies. 200 personnes avait été tuées ce mois-là. Avec 203 personnes tuées, février 2017 vient en second, le troisième étant février 2012 (204 personnes tuées).
La terrible vague de froid qui s'était abattue durant plus de 15 jours avait pu expliquer la faible mortalité de février 2012. Tel n'a pas été le cas en ce mois de février, le plus doux depuis 10 ans. Une explication de cette très forte baisse se trouverait plutôt en comparant ce qui a été l'évènement majeur en matière de sécurité routière en mars 2013 et celui de ce début de l'année 2017.
En mars 2013, les vingt premières voitures-radar étaient mises en circulation dans dix départements. Ce déploiement avait fait l'objet d'une forte médiatisation tant au niveau national que dans la presse régionale. Le communiqué de presse de la Sécurité Routière faisait alors le constat que l'annonce de la mise en place des radars mobiles de nouvelle génération embarqués dans des véhicules avait contribué à ce résultat encourageant. La mortalité baissa ensuite de -14,8 % en avril et -30,2 % en mai. 26 autres voitures radars suivirent en juin. Depuis, 383 ont été mises en circulation réparties sur l'ensemble du territoire mais avec un usage parcimonieux.
L'annonce ce mi-février 2017 que la conduite des voitures-radar allait être confiée dès septembre à des prestataires privés avec
une première expérimentation en mars en Normandie a probablement produit le même effet que celle de mars 2013. Il a été difficile d'ignorer cette décision tant le bruit médiatique de ses détracteurs réalisant l'optimisation de l'usage de ce type de contrôle fut grand. On sait que dans ce cas, les conducteurs ont souvent un comportement d'anticipation. Il faut maintenant espérer que cet effet aura la même rémanence que durant l'année 2013.
Plus durable pourrait être l'effet d'une autre mesure applicable depuis 1er janvier 2017. Elle concerne l'obligation que le représentant légal d'un personne morale titulaired'un certificat d'immatriculation a de transmettre à l'administration, par lettre recommandée dans les 45 jours l'identité et les coordonnées de la personne physique qui a commis une infraction relevée par un système automatique. Cette mesure a été prise très au sérieux par les chefs d'entreprise, qui pour nombre d'entre eux, ont aussitôt, informé leurs employé(e)s qu'ils appliqueront cette réglementation.
Février 2016 :
La mortalité du mois de février 2016 est à nouveau à la hausse annulant la baisse du mois de Janvier 2016. Une baisse de -8,4% constitue une nette baisse par rapport au même mois que l'année précédente. Certes, ce mois de Février comptait un jour de plus qu'en 2015, un lundi qui a du peser pour 3,4%. Par ailleurs, nous avons eu également le tragique accident de La Rochelle où 6 adolescents ont trouvé la mort. Cet accident a également pesé à hauteur de 2%.
Cette hausse est essentiellement la conséquence d'une forte hausse de la mortalité des piétons alors que celle des deux-roues est légèrement à la baisse. Les conditions atmosphériques peu clémentes expliquent en partie ce bilan. La pluie et le vent dissuade de circuler en deux-roues alors que les piétons sont moins visibles et moins attentifs lors de leur traversée, préoccupé à lutter contre les éléments.
Février 2016 marque aussi la quatrième hausse consécutive de la mortalité en février, traduisant la tendance à la hausse de la mortalité en général depuis cette année-là. C'est aussi le constat que les mesures prises depuis, notamment en 2015, ne produisent pas les effets attendus.
Rappel de l'actualité :
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