Le mois d'octobre cumule plusieurs handicaps, une circulation automobile plus intense en dehors de la migration estivale, des conditions météorologiques plus variables et une baisse de la luminosité. Octobre avec une moyenne autour de 300 tués est pour ces raisons le plus souvent un des trois mois les plus meurtriers.
Octobre 2022 : l'inquiétante montée de la mortalité cycliste
Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 295 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en octobre 2022. Comparé au mois d'octobre 2021 où l'on avait déploré 294 morts estimés sur ces routes (298 en définitif), une personne de plus a été tuée, soit une stabilité Sur les dix derniers mois, la mortalité est en hausse significative de +14 % . Sur les douze derniers mois, la mortalité routière est en hausse de 17%.
Par rapport à l’année 2019, c’est une hausse mensuelle de +15% et en année glissante de +1%. Trois ans après le début de la pandémie, la mortalité routière est revenue à son niveau de 2019.
Le nombre d’accident, en revanche, semble en net baisse. Sur le mois d’octobre, c’est 4720 accidents corporels contre 5588 en 2021. Depuis juin, ce nombre est significativement plus bas que les années antérieures. Il en est de même du nombre de blessés, soit 5884 en octobre contre 6908 en octobre 2021.
Ainsi, le taux de mortalité, 61 pour 1000 accidents corporels est plus élevé que la moyenne annuelle habituelle qui est autour de 58.
Octobre 2022 a été marqué essentiellement par la pénurie d’essence. Pour autant, cela n’a pas affecté le nombre de déplacements qui semble proche de l’année 2019. Si la mortalité des automobilistes, des motocyclistes et des piétons semble revenir au niveau de celui de 2029, il n’en est pas de même pour les cyclistes.
La mortalité cycliste pour octobre 2022, avec 34 cyclistes tués, est supérieure à celle enregistrée en octobre 2021 (27) et largement supérieure à celle d’octobre 2019 (16). En année glissante, la mortalité cycliste est de 243 contre 224 en 2021 et 188 en 2019. Certes, le développement du vélo a pour conséquence un accroissement de ce trafic mais il est difficile de se satisfaire de cette corrélation.
Alors que l’objectif du Plan vélo est de tripler la part modale du vélo de 3% à 9%, peut-on accepter la mortalité cycliste suive les mêmes proportions ? La question s’était posée dans les années 1970 face à l’augmentation du trafic routier. La réponse fut l’émergence d’une politique de sécurité routière tournée vers le conducteur automobiliste. Faudra-t-il également envisager prochainement une politique de sécurité routière tournée vers le cycliste
Octobre 2021 : Triste retour à la normale de l'accidentalité routière
Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 294 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en octobre 2021. Comparé au mois d'octobre 2020 où l'on avait déploré 199 morts estimés sur ces routes (203 en définitif), 91 personnes de plus ont été tuées, soit une hausse de +45 %. Sur les dix derniers mois, la mortalité est en hausse significative de +10 % . Sur les douze derniers mois, la mortalité routière est en hausse de 2%.
Si la mortalité est en très nette hausse entre octobre 2021 et octobre 2020, elle est également en hausse de +14% par rapport à octobre 2019. Le constat est le même au niveau du nombre des accidents corporels et du nombre des blessés à savoir 5717 accident corporels contre 5135 en 2011 soit une hausse de 11%. L'augmentation du nombre de blessés est du même ordre. En revanche, le taux de mortalité, 51 pour 1000 accidents corporels est inférieur à la moyenne annuelle habituelle de 58. A noter cependant que la hausse de la mortalité d'octobre 2021 par rapport à octobre 2019 est la conséquence uniquement de la hausse de la mortalité des piétons et des cyclistes à savoir 80 tuès contre 47 soit une augmentation de 41 %
Octobre 2020 : la baisse de l'accidentalité routière se poursuit
Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 199 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en octobre 2020. Comparé au mois d'octobre 2019 où l'on avait déploré 257 morts sur ces routes, 58 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de - 22,6%. Sur les dix derniers mois, la mortalité est en baisse signficative de -20,2% . Sur les douze derniers mois, la mortalité routière baisse de -17,2%.
Ce bilan exceptionnel est à mettre en relation avec la période inédite que nous traversons. Après un effondrement de l'accidentalité pendant la période de confinement en mars et avril, l'accidentalité était repartie en très lègère hausse au rythme de la reprise du trafic, tout en restant très en dessous des années précédentes.
Cette nouvelle baisse signficative trouve probalement une explication avec l'apparition de la deuxième vague de la pandémie annoncée fin septembre et début octobre, recréant un climat anxiogène. Ce constat confirmerait quelques études anciennnes selon lesquelles il y aurait une corrélation entre le morale des français (mesuré par un indicateur chaque mois) et l' accidentalité. Une baisse de l'accidentalité serait souvent associée à une baisse du morale des français. De surcroît, des mesures de couvre-feu sont intervenues le 17 octobre dans quelques grandes villes ayant pu avoir déjà une incidence sur l'accidentalité puis l'annonce le 28 octobre d'un reconfinement pour un début le 2 novembre a aussi eu probalement un effet surle trafic en "coupant" les déplacements en prévision du week-end de la Toussaint.
A noter que cette fois, le taux de mortalité d'octobre, 45, est nettement inférieur à la moyenne annuelle enregistrée habituellement de 58 tués pour 1000 accidents corporels. A noter également que seuls les piétons ont une mortalité à la hausse (38 décès contre 31 en 2019). et que d'une façon générale, les piétons semblent ne plus bénéficier de la baisse de leur accidentalité depuis mars alors que pour les cyclistes, la tendance est une légère hausse.
Nul doute que le mois de novembre connaîtra également une baisse de l'accidentalité, le confinement étant prévu sur toute la durée de ce mois.
Octobre 2019 : Baisse sensible de la mortalité de -8 % uniquement due à la baisse de la mortalité piétonne
Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 252 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en octobre 2019. Comparé au mois d'octobre 2018 où l'on avait déploré 274 morts sur ces routes, 22 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de - 8 %. Sur les dix derniers mois, la mortalité est en légère hausse de +1% . Sur les douze derniers mois, la mortalité routière devient stable à -0,3%. Ce mos d'octobre 2019 est particulier à plus d'un titre. C'est le mois d'octobre le moins meurtrier jamais enregistré. C'est un mois d'octobre à la baisse pour la deuxième année consécutive soit une baisse par rapport à 2017 de -20% mais ce qui est surprenant, c'est que cette baisse est due uniquement à une très forte baisse de la mortalité piétonne de plus de 20% par rapport à octobre 2018 alors que les autres usagers, automobilistes, motocyclistes et cyclistes, sont tous les trois en légère hausse.
Les conditions météorologiques douces et pluvieuses, alors qu'octobre 2018 avait été plutôt chaud et sec, n'ont pas véritablement influencé ce bilan, ni le calendrier des week-ends et des congés identique.
Octobre 2018 : Baisse sensible de la mortalité de -13,8 %
Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 275 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en octobre 2018. Comparé au mois d'octobre 2017 où l'on avait déploré 319 morts sur ces routes, 44 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de - 16,4 %. Sur les dix derniers mois, la mortalité est en sensible baisse de -6,8 % correspondant à 195 vies épargnées. Sur les douze derniers mois, la mortalité routière baisse également sensiblement de -6,5% soit 226 épargnées par rapport aux 12 mois précédents. C'est la première fois que la mortalité en octobre passe nettement sous la barre des 300 tuès. Ce mois confirme la tendance à la baisse de la mortalité enregistrée depuis novembre dernier, septembre restant une exception. Cette tendance devrait se poursuivre, traduisant l'effet de l'abaissement de la vitesse à 80 km/h. Cet effet est visible si l'on regarde uniquement l'évolution de la mortalité des usagers motorisés.
Octobre 2017 : Stabilité de la mortalité (-0,0%).
Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 315 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en octobre 2017 soit le même nombre qu'en octobre 2016 (-0,0%). Sur les dix derniers mois, la mortalité est quasi stable avec -0,1%. Sur les douze derniers mois, la mortalité routière affiche un recul de 0,3%, soit 10 tués de moins par rapport aux 12 mois précédents. Il s'agit du quatrième mois sans hausse de la mortalité. Ce résultat permet d'espérer un changement de tendance sans pour autant il soit possible d'en appréhender la cause. Certains facteurs comme la reprise économique constituent un facteur défavorable, ainsi que les facteurs de fond comme le vieillissement de la population et l'attrait des distracteurs au volant. Des conditions météorologiques favorables se traduisent également par une hausse de la mortalité des deux-roues. La politique de sécurité routière qui est menée aurait donc pour effet d'empêcher une hausse certaine de la mortalité.
Octobre 2016 : Forte de baisse de - 16,4 %
Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 316 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en octobre 2016. Comparé au mois d'octobre 2015 où l'on avait déploré 378 morts sur ces routes, 62 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de - 16,4%. Sur les neuf premiers mois de l'année, le nombre de personnes tuées est en hausse de +0,8 %, ce qui représente 22 personnes tuées en plus, par rapport aux neuf premiers mois de l'année précédente. En année glissante sur les 12 derniers mois, la hausse est de +1,7%%.
Si ce mois d'octobre connait la plus forte baisse de la mortalité enregistrée cette année par rapport au mois de l'année précédente, elle est hélas à relativiser si l'on tient compte du fait qu'octobre 2015 avait été marqué par un des accidents les plus meurtriers survenus sur nos routes. Le drame de Puissegain où 43 personnes avaient perdu la vie est encore très présent dans les esprits alors que les rapports des experts viennent d'être portés à la connaissance des familles .
Comme le constate le baromètre de l'ONISR, les mortalités piétonnes, cyclistes et motocyclistes cumulées sur 12 mois sont en nette hausse respectivement de +16% (soit 42 piétons tués de plus), +8% (soit 9 cyclistes tués de plus) et +6% (soit 50 motocyclistes tués de plus) alors que celle des véhicules légers stagne avec seulement une fragile légère baisse apparue depuis juin (soit 101 automobilistes tués en moins). Sur l'ensemble des usagers, la hausse s'établit à +1,7% (soit 57 personnes de tuées en plus).
La barre des 3 500 personnes tuées sur nos routes pourraient donc être refranchie à la fin de l'année alors que la mortalité était passée sous ce seuil en mars 2013 au moment de la mise en service des radars mobiles/mobiles. Il s'en était suivi une baisse significative de la mortalité avec au final une baisse de la mortalité en 2013 de -10,5%.
Tout le bénéfice de l'année 2013 a donc été perdu au cours de ces trois dernières années. Comment l'expliquer si ce n'est pas le fait que combattre le risque routier ne constitue plus véritablement une priorité nationale au regard d'autres risques d'une part et que l'ambiance collective remettant de plus en cause le rôle de l'Etat n'est pas propice au respect de la règle. Ce relâchement coupable se traduit aussitôt sur nos routes et le bilan humain en est très lourd.
Saluons dans ce contexte l'appel des 21 dirigeants de grandes entreprises s'engageant en faveur de la Sécurité routière afin de diminuer les risques d'accidents lors des déplacements professionnels réalisés par leurs salariés.
Octobre 2015 : Forte hause de +8,9%
Le baromètre de l'accidentalité de ce mois d'octobre est particulier puisque nous avons eu à déplorer le 23 octobre un accident d'une extrême gravité. Avec 43 personnes décédées, l'accident d'autocar de Puissegin constitue le deuxième accident mortel le plus grave jamais enregistré en France après celui de Beaune (55 personnes décédées dont 44 jeunes de 6 à 15 ans) en 1982 et devant l'accident du tunnel du Mont Blanc (39 personnes décédées). Ce dernier accident a eu la particularité de ne pas être comptabilisé dans les statistiques accidents de la France. Il fut imputé à ceux de l'Italie.
43 personnes décédées représentent en terme statistique environ 12% de la mortalité de ce mois d'octobre où elle a augmenté de +7,2%. On pourrait en déduire que sans cet accident, la mortalité aurait pu baisser d'environ 5%. Par ailleurs, cet accident risque de peser environ 1,5% de la mortalité sur l'année 2015.
Pour autant, l'analyse de la mortalité par catégorie d'usagers laisse penser que cet accident s'inscrit dans la poursuite de la tendance à la hausse de la mortalité enregistrée depuis plus de 48 mois. Certes, la mortalité des usagers vulnérables poursuit pour le troisième mois consécutif une baisse significative avec -30 personnes tuées par rapport à octobre 2014. Il est d'ailleurs difficile d'expliquer cette baisse d'autant qu'octobre 2015 a été très clément du point de vue des conditions météorologiques, ce qui maintient la mobilité de ces usagers alors qu'elle est en baisse en général l'automne.
La poursuite de la hausse de la mortalité des usagers des véhicules léger reste préoccupante : +13 personnes décédées par rapport à octobre 2015 soit 1809 personnes décédées sur les 12 derniers mois, bilan équivalent à celui d'avril 2013. Rappelons que 2013 fut une année très favorable avec une baisse de la mortalité de -10,8% dont une baisse de -14,3% de la mortalité des usagers de véhicules légers. C'est donc tout le gain obtenu cette année-là qui vient d'être perdu.
A deux mois de la fin de l'année, le bilan de la mortalité est toujours à la hausse de +2% sur les dix derniers mois et 1,7% sur les douze derniers mois. Octobre 2015 aurait pu décider de l'issue du bilan 2015 de la mortalité. En effet, il aurait du être nettement favorable : d'abord parce que celui de 2014 avait été particulièrement mauvais et ensuite parce qu'il était possible d'espérer un effet des annonces des mesures du CISR du 2 octobre.
Novembre peut encore rétablir la situation en faisant aussi bien qu'en novembre 2013 en espérant toutefois que décembre soit aussi favorable que l'année dernière. A défaut, nous risquons d'enregistrer une seconde année consécutive à la hausse, ce que nous n'avions pas connu depuis plus de trois décennies.
Reste une inconnue, l'impact des attentats du 23 octobre et de l'instauration de l'Etat d'urgence sur la circulation routière et le comportement des usagers de la route. Si l'on regarde la mortalité des semaines qui ont suivi les attentats de janvier, aucun impact significatif n'a été décelé. Il en sera peut-être différemment en ce mois de novembre.